actualisé le samedi, 22 octobre, 2011 11:14

 

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L'héritage du rebelle.Le rôle de Georges Devereux dans la naissance de l'ethnopsychiatrie clinique en France.

(Mes relations avec Georges Devereux, une discussion méthodologique et une définition de l'ethnopsychiatrie clinique, telle qu'elle est mise en œuvre au Centre Georges Devereux).


" Durant ces quinze dernières années, on a vu éclore un nouveau paradigme dans les sciences humaines francophones : l'ethnopsychiatrie. Il faut dire que ce n'est pas la première fois que, entre dix à vingt ans après l'arrivée massive d'immigrants, la psychiatrie occidentale produit une sous-discipline mâtinée d'anthropologie et de psychiatrie. Des programmes de recherche comparables sont en effet apparus après guerre, durant les années 50-60 aux États-Unis et au Canada, les années 70 en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Hollande, fleurissent de nos jours en Italie, en Suisse, en Belgique Aux États-Unis, ils avaient emprunté, on s'en souvient - signe des temps ou inspiration locale ? - des directions théoriques particulières, à la fois empiriques et classificatoires : d'abord désignées comme Folk-psychiatry, que Henri Collomb traduisait parfois de manière amusante par "psychiatrie sauvage" puis Transcultural ou Cross Cultural Psychiatry, Medical anthropology. Autre signe des temps, autre inspiration locale …" Lire la suite…

GEORGES DEVEREUX AND CLINICAL ETHNOPSYCHIATRY. by Pr Tobie Nathan (Ph D.) (Translated from the French by Catherine Grandsard Ph D.)


In the past ten years, the field of French-speaking social sciences has witnessed the emergence of a new paradigm: ethnopsychiatry. Clearly, it had already happened that within ten to twenty years after the massive arrival of immigrants, Western psychiatry produced a sub-discipline crossbreeding anthropology and psychiatry. Indeed, comparable research programs appeared after World War Two, in the 50's and 60's, in the US and Canada, in the 70's in Britain, Germany and Holland, and are flourishing today, in Italy, Switzerland, Belgium etc... In the United States, both empirical and classifying orientations were adopted, sign of the times or locally inspired: first, Folk Psychiatry, then Transcultural or Cross Cultural Psychiatry, and Medical Anthropology. In France, yet another sign of the times or local inspiration, as soon as ethnopsychiatry was developed in its clinical aspects it became the object of violent conflict, as if one aimed to force the discipline into a political debate rigged from the onset - pitting communities against the Republic, culturalism against universalism. Yet nothing is farther from the spirit of ethnopsychiatry than this imposed state of war. For almost twenty years, since the creation of the first ethnopsychiatry clinic at Avicenne Hospital… Lire la suite…

Un texte sur la prise en charge ethnopsychiatrique des enfants autistes.

QUELQUES NOTES SUR LE TRAITEMENT DES TROUBLES DE LA PAROLE CHEZ LES ENFANTS AUTISTES

Première théorie : Soit, les enfants apprennent la langue parlée dans leur environnement, "par imitation", comme le proposait Abulafia et, s'ils n'y parviennent pas, c'est qu'ils sont malades, handicapés, voire monstrueux. Cette première théorie engendre deux types de questions :

1) quelle maladie, quelle imperfection, quelle monstruosité peut-elle empêcher un enfant d'accéder au langage ?
2) Quelle technique thérapeutique - sacrée, biologique, psychologique, etc. - peut-elle réparer ce désordre, le plus fondamental qui soit, qui interdit à l'enfant l'accès à l'humanité ?

Seconde théorie : Soit, les enfants, dès la naissance - sans doute bien avant et peut-être avant même la conception - ont un contact avec l'origine ; contact qu'ils abandonnent, en général vers l'âge de deux ans, pour adopter les codes, les habitudes de leur environnement. Cette seconde théorie engendre plusieurs questions :

1) Quelle langue parlent les bébés avant de prononcer la langue des humains ?
2) Quels arguments peuvent les décider à abandonner les contacts ancestraux pour se commettre avec le monde profane - étant entendu que, dans ce cas, la difficulté d'accès à la parole révèle une certaine forme d'intentionnalité. Lire la suite…

"Corps d'humains, corps de djinns" de Tobie Nathan, paru dans Prétentaine 12/13 de mars 2000

(Quelles relations entretenir avec les esprits? Qu'est ce que les djinns veulent des hommes ?).

D’entrée, après quelques minutes d’entretien, les parents nous brossent un tableau de la situation. Souleyman, l’aîné des enfants, serait possédé par une djenneya – une femme-djinn – qui le distrait sans cesse, l’empêchant d’étudier, qui verse sur lui de l’urine et des matières fécales ou, quelquefois, lui presse les entrailles afin de le faire lui-même uriner ou déféquer, n’importe où, n’importe quand.

Elle lui modifie son comportement, l’incitant à commettre des dépradations ou à se montrer agressif envers d’autres enfants ou envers sa propre famille – "elle le contraint à courir et à taper sur les voitures…", dit le père.

Elle le réveille en pleine nuit pour le menacer. Elle lui parle également et il l’entend dans sa tête et parfois dans ses oreilles.

Elle commet elle-même des détériorations. Elle fait couler de l’urine ou des matières fécales du plafond, déplace la télévision en pleine nuit… Lire la suite

Une conférence de Tobie Nathan sur l'ethnopsychiatrie

sur recalcitrance.com

Serge Vallon - Je suis psychanalyste comme Tobie Nathan et je fais donc le même travail que lui, puisqu'il est psychanalyste, mais peut-être aussi que je ne fais pas du tout le même travail, puisqu'il pense qu'il fait un travail différent ou plus précisément qu'il faut faire un travail différent avec les gens qui sont eux-mêmes différents.
 
Tobie Nathan est né en Égypte, mais il est parisien. Il est professeur de psychologie clinique et pathologique à Paris VIII. Il a développé dans le domaine de l'ethnopsychiatrie une recherche qui vise à comprendre ce que font les gens des autres cultures et ce qu'ils sont, en particulier quand ils sont malades ou souffrants et qu'ils appellent à l'aide pour sortir de cette souffrance. Sa réflexion est d'ordre théorique et général sur l'ethnopsychiatrie, … la suite…

La fabrication culturelle des humains, inédit.

(Une théorie générale du devenir humain).

La psychanalyse nous a enseigné que le complexe d'Œdipe, une sorte de machinerie affectivo-logique s'abattant sur l'enfant entre sa troisième et sa cinquième année constituait la matrice à partir de laquelle il s'extrayait avec peine d'une sauvagerie simiesque pour se hisser par un acte de renoncement héroïque jusqu'à l'humanité (Totem et tabou et tant d'autres textes par la suite). Soit! Il nous a fallu admettre les singes incestueux et parricides – nous l'avons accepté… nous les savons aujourd'hui beaucoup moins susceptibles de commettre l'inceste que les humains… beaucoup moins criminels, aussi… Soit encore !… Étendant progressivement ses conclusions à la vie sociale, la psychanalyse a vu dans la prohibition de l'inceste le degré zéro de l'humanité, la loi fondamentale, jamais absente, en tous temps et en tous lieux, le sésame de la vie sociale, le concept absolu… Lire la suite…

Psychothérapie et politique : un texte de Tobie Nathan, paru dans Genèses, N° 38 et

"L'ethnopsychiatrie en butte aux néo-staliniens", paru dans Abstract-Psychiatrie, N°212, février 2000, 17-20.

(L'ethnopsychiatrie attaquée une fois de plus — analyse ! Analyse du fonctionnement critique d'un néo-stalinien.)

Depuis plus de trois ans, c’est devenu comme une mode que de s’en prendre à la pratique de l’ethnopsychiatrie et surtout à ma personne, à ma pensée, au style de mes textes, avec une violence qui ne recule ni devant l’insulte ni devant la calomnie — à un livre surtout, qui a déclenché une sorte de petit scandale : L’influence qui guérit. La revue Genèses a récemment offert une tribune à la dernière en date de ces critiques, " L’ethnopsychiatrie et ses réseaux. L’influence qui grandit ", par Didier Fassin — critique caractérisée comme toutes les précédentes par la recherche d’une disqualification morale de la personne pour se débarrasser d’une pratique qui dérange les ordres universitaires, l’organisation des structures de recherche, le consensus des bien-pensants. Lire la suite…

"Les psychologues doivent se saisir du problème des psychothérapies", paru dans Psychologie Française, 45 N°2, 2000, 99-101

(Comment les psychologues peuvent-ils prendre en charge les problème des psychothérapies qui, de plus en plus leur revient socialement de fait).

Durant ces deux dernières décennies, nous avons assisté à une évolution considérable des thérapeutiques dans le champ de la santé mentale – évolution qui a transfiguré le paysage : découverte de nouveaux psychotropes plus actifs et mieux tolérés, tant pour les pathologies psychotiques que dépressives, développement impressionnant de la recherche de nouvelles molécules, mise en place de protocoles d'expérimentation sophistiqués… Pourtant, aucune découverte biologique n’est venue bouleverser définitivement la perception des troubles mentaux. Aucun nouvel "être" – virus, gène ou concept psychologique – n'a pu stabiliser le champ en mettant tous les chercheurs d'accord. Le panorama de la psychiatrie biologique est aujourd'hui le suivant : plus de médicaments, plus "d'efficacité", plus de "confort", mais toujours pas d'affirmation décisive sur l'étiologie des désordres. Car il faut dire que ce sur quoi travaillent les chimistes, c'est précisément sur des concepts psychologiques. Comment évaluer une molécule ? À l'aide d'échelles, de questionnaires, de tests ou d'entretiens mis au point par la recherche psychologique. Plus la psychiatrie devient biologique et plus elle devient paradoxalement dépendante du développement des outils fournis par la psychologie… Lire la suite…



Tobie Nathan
L'influence qui guérit
(une théorie générale de l'influence thérapeutique)

Tentative, à partir des connaissances acquises en psychanalyse, en psychothérapie et en ethnopsychiatrie de jeter les bases d'une théorie générale de l'influence thérapeutique. Le livre est structuré en trois parties : 1 - comment observer les dispositifs thérapeutiques ; 2 - que changer aux théories existantes afin de rendre le domaine observable ; 3 - restituer aux notions de frayeur et de traumatisme la dignité que leur a retiré la notion psychanalytique de l'angoisse.

Paris, Odile Jacob, 1993, 1998, 2001

Georges Devereux, un hébreu anarchiste : préface de Tobie Nathan à Ethnopsychiatrie des Indiens Mohave de Georges Devereux, Paris, Les empêcheurs de penser en rond, 1996.

(Devereux, l'identité ethnique et la sienne propre…)

Comment dire : Georges Devereux est ou bien a été mon maître ? Longtemps, j'ai pensé qu'un maître transmettait des contenus de pensée et que ce qu'il montrait – sa gentillesse ou ses mouvements d'humeurs, ses colères, ses préférences, l'intérêt ou l'antipathie qu'il manifestait à ses élèves – ne pouvaient être que l'expression de singularités personnelles. Aujourd'hui, je sais qu'il n'en est rien ! La totalité du maître est dans son caractère – pas dans son enseignement – dans son être ! Un maître s'infiltre tout entier jusqu'au noyau de son élève ; jusqu'à devenir une instance de sa personne. Ainsi, aujourd'hui, lorsque je repense aux explications, aux théories qu'il m'aurait enseignées, je ne parviens même plus à les identifier ; diluées, elles sont devenues une part de moi-même, comme une invisible couche qui tapisse mes parois et me protège quelque peu de l'étonnement et de la frayeur.

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"La chose et l'objet" : un texte de Tobie Nathan paru dans Ethnopsy/Les mondes contemporains de la guérison. Avec une documentation sur les objets actifs et un diaporama.

(Une théorie générale de l'utilisation des objets, des substances et des êtres dans les processus thérapeutiques…)

En psychologie, la psychothérapie occupe une place singulièrement paradoxale – à la fois suspecte et prometteuse. Suspecte, puisqu’elle parvient très difficilement à soumettre ses propositions méthodologiques et ses énoncés théoriques à la rigueur ayant cours dans les autres champs de la discipline (expérimentation, évaluations quantitatives) – suspecte d’être seulement un avatar de l’hypnose de music hall malencontreusement égarée à l’université ou au sein de sociétés savantes. Mais prometteuse aussi, car parmi les activités du psychologue, celle qui ressemble le plus aux domaines des sciences dures du fait qu’elle est avant tout une technique et se doit donc de soumettre à l’analyse les actions du chercheur qui est aussi, dans ce cas, le thérapeute – les soumettre à l’analyse, non par jeu ou pour obéir à quelqu’impératif abstrait de rigueur, mais par nécessité clinique. Car agir en thérapeute implique que l’on peut au moins s’expliquer sur la raison de son action…

Le mort et son représentant : un texte de Tobie Nathan paru dans : François Dagognet, Tobie Nathan, La mort vue autrement.Paris, les empêcheurs de penser en rond, [1999].

Pour en finir avec des notions sans signification véritable comme "faire son deuil"…

Pourquoi parlerais je de la mort ? Non ! Je parlerai des morts ! En tant que clinicien, ce sont eux qui m’intéressent – eux qui surgissent dans l’existence des vivants. Et comme je suis psychologue et thérapeute, le lecteur s’imagine sans doute déjà que j'évoquerai les souvenirs et les représentations. Eh bien, non ! Il suffit de prononcer la phrase suivante : "le souvenir du mort surgissant au détour d’une action ou d’une pensée dans l’imaginaire du survivant…" pour que la pensée s'interrompe. Avec un tel énoncé, on croit avoir tout dit ; on s’est en fait déjà fourvoyé, on a brisé l’élan de la réflexion… Lire la suite

Figures culturelles de la guerre des sexes. Conflits de personnes, conflits de familles, conflits de culture. publié dans Informations sociales, N°3, 1993.

(Les problèmes de couples dans les familles migrantes…)

Voila une quinzaine d’années que nous avons commencé à prendre en charge les patients originaires de cultures non-occidentales, dans leur langue maternelle, à partir de leurs propres théories du mal, du malheur et de la malchance, à l’aide des objets et des opérateurs thérapeutiques ayant cours dans leur ethnie d’origine. Chemin faisant, nous avons appris que nous respections davantage le patient

– en respectant ses divinités et en l'invitant à ne pas se comporter comme si, au delà de l'océan, leur pouvoir s'était étrangement dissout;

– en respectant ses "manières de faire" (dans sa langue, en groupe et non en relation duelle, en usant des intermédiaires traditionnels tels que l’appel au grand frère, à l'oncle paternel ou à l’oncle maternel);

– en respectant ses "docteurs", qu’en Occident nous appelons avec condescendance "guérisseurs" et dont la science – faut-il le rappeler – est plusieurs fois millénaire alors que notre psychiatrie est à peine âgée d'une centaine d'années;

– en respectant ses objets de cultes… Lire la suite

Un texte inédit en français : Six principes d'ethnopsychiatrie.

(CORPS D'UNE INTERVIEW DONNEE A FELICIA KNOBLOCH POUR LES CADERNOS DE SUBJECTIVIDADE - SAO PAULO, N°4, 1996, 9-19)

( Quelques principes généraux d'ethnopsychiatrie pratique )

Une psychopathologie qui prend des risques - je parle évidemment des risques de pensée - c'est cette psychopathologie que j'essaie de promouvoir.Faire prendre un risque à sa pensée consiste à l'infléchir dans une direction qui vous contraint à trouver des dispositifs nouveaux, ceux là même qui seraient susceptibles de convoquer des témoins à comparaître au procès d'existence d'êtres nouveaux.
Nous vivons aujourd'hui les conséquences de l'échec de toutes les tentatives qui ont eu lieu entre la moitié du dix-neuvième et la moitié du vingtième siècle pour construire une psychopathologie structurale… Lire la suite…



Tobie Nathan
Nous ne sommes pas seuls au monde
Essai d'écologie des invisibles non-humains.
Paris, Le Seuil - Les empêcheurs de penser au rond. Le Seuil, 2001.


"Nous ne sommes pas seuls au monde" - il existe d'autres pensées que la nôtre, d'autres façons de faire pour prendre en charge les douleurs de l'existence. "Nous ne sommes pas seuls au monde"-c'est par cette formule qu'en Afrique de l'Ouest, on reconnaît l'action des esprits qui viennent perturber la vie des humains. Tous les patients doivent être pris en compte, écoutés et aidés comme des témoins et non comme des victimes, à partir de leurs forces et non de leurs faiblesses. Ils peuvent ainsi parler de leur expertise propre: par exemple de la substance pour les toxicomanes, des êtres de leurs mondes pour les migrants, des procédures d'emprise pour les sortants de sectes... Lire…

(avec Henny Wexler et Peter H. David) : Tohu wa bohu. Réflexions ethnopsychanalytiques sur la technique d'un guérisseur yéménite en Israel, paru dans Nouvelle Revue d'Ethnopsychiatrie, n°31, 13-34.

Jour ébloui de soleil , jour d'hiver israélien... une colline du Nord du pays... deux ombres hésitantes... la cour d'une vieille maison embellie d'orangers et de citronniers... une petite chambre sur un jardin envahi d'herbes folles... J'essaie de décomposer l'image en ses éléments… je ne peux pourtant expliquer l'extraordinaire sensation de sacré qui nous entoure, Déborah et moi, dès notre entrée dans ce lieu… Chaises de bois usées, rhapsodies d'écrits bénis logés sur de vieilles étagères de fer... Peut-être la totale absence de moderne, de brillant, de propre… ou encore les étranges associations: bouteilles de Coca-Cola emplies d'encre destinée à se couler dans les lettres actives, pièces de parchemin portant les noms de Dieu rangées dans des toperware…Lire la suite…

Briser les idoles… une demande authentique d'initiation — texte paru en anglais dans Iconoclash. Beyond the Image Wars in Science, Religion and Art. 2002 Press and ZKM Karlsruhe, Germany (Edited by Bruno Latour and Peter Weibel)

"Briser les idoles" désigne l'acte courageux de celui qui décide de rompre — avec l'erreur du plus grand nombre qu'il partagea naguère. Brisant les idoles… c'est ainsi qu'apparaît le personnage d'Avraham dans le texte de la Genèse : "Et dieu avait dit à Avraham : "Va pour toi (lekh lekha), quitte la terre où tu es né, quitte la maison de ton père, vers la terre que je t'indiquerai" (Gen. 12:1.) Quelques versets, plus haut, une petite phrase, relatant le décès de son frère a fait l'objet d'un commentaire fécond, sans doute à l'origine de l'expression "briser les idoles", passée dans le langage courant avec le succès que l'on sait : "Haran mourut devant la face de son père" (Gen. 11:28).

Un Midrash raconte les circonstances de la mort de Haran. Terah, père d'Avraham… lire la suite…

 

"crocodile du Nil", dans Psychanalyse païenne, Odile Jacob 2000, p. 201.

"Mon ombre s'est embarquée un jour dans un bateau que je voyais s'éloigner assis sur une valise, sur un quai du port d'Alexandrie. Et je me dis «Pleure! Maintenant il faut pleurer! » Crocodile du Nil, les larmes sèches…" Lire la suite

 


D’abord je voudrais dire mon plaisir à me retrouver parmi vous, avec mes amis, de me retrouver en famille, pour ainsi dire, moi qui viens de loin dans le seul but de vous rencontrer… Je voulais vous attirer l’attention sur l’émotion que j’éprouve ce matin et qui rendra sans doute mon expression hésitante.

J’aimerais commencer par une remarque liminaire : pour ce que je vais discuter avec vous, tout commence avec le Talmud et, comme vous le constaterez tout à l’heure, tout finit avec le Talmud. Car la première idée que je voudrais vous proposer est une réflexion qui m’a longtemps intrigué. On dit que la pratique de la thérapie, l’art de soigner n’est que le premier niveau de ce qu’on appelle « Cabale pratique », c’est-à-dire la connaissance religieuse appliquée à la vie quotidienne… Travail de débutant que celui du thérapeute, en général réservé aux apprentis, aux jeunes gens, à qui n’est pas encore capable… Travail tout de même, sans doute, mais qui ne serait qu’une sorte d’introduction à la pensée. Et dire que j’ai fait cela durant trente ans… Normalement, avec le temps, j’aurais dû accéder au second niveau, mais je n’y suis pas arrivé…

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with Catherine Grandsard : PTSD and fright disorders: rethinking trauma from an ethnopsychiatric perspective

Though the notion of trauma and its present day version of Posttraumatic Stress Disorder (PTSD) allows for wide comparative studies, by standardizing experiences ranging from, for instance, the allergic reaction of a Peruvian farmer to the painful depression of an American soldier home from the front, it proves to be a dull and difficult concept to use for the therapist intent on treating patients. In fact, even in its current rendition, trauma is an exception in modern day psychopathology. It is one of the few disorders which hasn’t been amended by scientific discoveries, neither in terms of comprehending its mechanisms, nor in terms of developing successful treatments. This is not the case of most other diagnostic entities. For example, original psychoanalytic classifications and descriptions of the different neuroses have, over time, been completely revised and broken down into different categories and sub-categories (anxiety disorders, dissociative disorders, mood disorders, etc.), most of which may be successfully treated, or at least alleviated, by medication. Indeed, as a consequence of the discoveries of new and multiple approaches to psychopathology (pharmacological, behavioral-cognitive, genetic, etc…), 19th century categories of mental disorders have for the most part been diffracted into new, more relevant ones.

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Mon patient Sigmund Freud — roman

Paris, Perrin, 2006

Ici, au Burundi, le soleil se lève à 6 heures et quart et se couche à 18 heures vingt — tous les jours que Dieu fait, tous les mois de l’année. Ici, à Bujumbura, il ne fait jamais moins de 22° ; jamais plus de 28°. Il n’y a ni hiver ni été, ni saison, ni raison. Hier, ils ont encore tiré. Qui ? Le saura-t-on ? Les rebelles ? L’armée ? Certainement les deux ; sans compter les voleurs, et d’autres aussi parmi les innombrables détenteurs d’armes à feu qui, profitant du désordre, lachent des rafales vers le ciel pour vérifier l’état de leur mitraillette. Là-haut, sur la colline, à Kiriri, le quartier que j’habite depuis maintenant un an, les kalachnikovs ont crépité durant deux heures la nuit dernière, flûtes enchantant le ciel de balles traçantes rouge fluo. Ce drôle de chant était scandé par des explosions de grenades et même quelques tirs de roquettes reconnaissables à leur long sifflement d’angoisse avant l’explosion. Ce matin, Emmanuel m’a dit qu’il s’était inquiété pour moi. Jacques lui avait parlé des explosions dans mon quartier. Il est vrai que cette fois, j’ai eu vraiment peur. Vers deux heures trente, une explosion plus forte que les autres a fait trembler les murs de ma maison. J’apprendrai tout à l’heure que le projectile est tombé sur la voiture de l’ambassadeur de Chine, à quelques maisons de la mienne. Le véhicule a littéralement explosé, ses entrailles fumantes exposées à la lune…

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avec Emilie Hermant : "Ceci n'est pas une psychothérapie"

Mise en condition : la ligne 13… Pourquoi la ligne 13 du métro parisien est-elle aussi inconfortable ? Est-ce seulement parce que les immigrés qui l’empruntent sont si fatigués qu’ils s’endorment malgré le vacarme, les arrêts intempestifs, les insupportables mouvements latéraux des voitures ? Il y fait si chaud l’été, si froid l’hiver — la ligne 13 est un accélérateur de température ! Presque à chaque station, monte un mendiant, une mendiante qui n’ont de cesse de vous rendre coupable — ils crient, pleurent ou chantent ; en français, rom, en arabe et chacun d’enfouir le nez dans son journal, de regarder ses pieds, de regarder ailleurs… La ligne 13 vous donne toujours l’air rêveur. La ligne 13 conduit ailleurs!…

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Diasporas and Identity in a new world

It seems to me that first concept pervaded the debates and discussions about our new world. “Diaspora” implies the notion of identity — as far as I’m concerned, I’d prefer to call this “thing” a NUCLEUS. Indeed, in order to recognize that a people, located in a “homeland” both real and mythical, can become dispersed through centuries of migration, one first needs to acknowledge its permanence. Your discussions were in fact largely fueled by the acknowledgment or radical refusal of such permanence. You might be tempted to think that being a trained psychologist, I might have a more precise idea of the personal category we may refer to as ethnic identity, or belonging, or simply a person’s identity; in any event, that which guarantees his or her permanence in time…

in

Tel Aviv ou la passion des marges


Tous les matins, même certains jours de grand vent en hiver, la lumière se lève sur Tel-Aviv, comme nulle autre ; elle provient de loin, de Jérusalem, passe par dessus les tours et s’en va éclabousser la mer — une lumière parfaite, celle des villes dédiées aux dieux. Et tous les jours, on craint de voir cette lumière détournée au bénéfice de l'instant… Car Tel-Aviv semble consacrée à l’instant.

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La soudure des morceaux

J’ai compris le thème que Shmuel Trigano a proposé à notre commentaire comme l’opposition entre cette terre (haaretz) qui s’impose à la vue dans sa brutale architecture et la violence de ses fracas et qui, dans le même temps, peut-être du fait de l’urgence, se dérobe à la vision. Autrement dit une terre qui, sur un versant explose la réalité du monde et sur l’autre délite les textes et disloque les prophètes. Quant à moi, je voudrais en rendre compte à partir du processus de métamorphose que Dieu impose à cet homme qu’il choisit entre tous — ceux de son temps et ceux de tous les temps —, cet homme qu’il désigne au regard des autres et assigne à la fondation : Avraham, ou plus exactement, Avram ! Je vous dévoilerai ma proposition d’emblée .../...

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Quelques grandes voix juives en matière d’anthropologie et d’ethnopsychiatrie

Je suis né en Égypte, mais j’ai grandi francophone. Arrivé en France à l’âge de dix ans, en 1958, je m’y suis intégré en l’espace de quelques semaines. Mon bon maître, Georges Devereux, m’apprendra bien plus tard qu’il existe des espaces, des sortes de niches comportementales, des modèles, faciles à comprendre, du prêt-à-porter pour ainsi dire, dans lesquels peuvent se glisser les marginaux pour prendre part à la vie commune. Marginal, je l’étais sans doute, provenant, à mon insu, en toute inconscience, des tréfonds d’un autre monde ! Ces modèles, on les trouve tout naturellement à l’école — non pas dans l’enseignement des professeurs, mais dans le regard des autres, dans l’espace réservé aux étrangers. En ces temps, …/…

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"Across time and space: Identity and transnational diaspora"

“Diaspora” implies the notion of identity — as far as I’m concerned, I’d prefer to call this “thing” a nucleus. Indeed, in order to recognize that a people, located in a “homeland” both real and mythical, can become dispersed through centuries of migration, one first needs to acknowledge its permanence. Your discussions were in fact largely fueled by the acknowledgment or radical refusal of such permanence. Your discussions were in fact largely fueled by the acknowledgment or radical refusal of such permanence. One might be tempted to think.../...

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Je rêve…

Je rêve d'une psychothérapie compatible avec le monde comme il va : un monde ouvert, polyglotte, polythéiste, cosmopolite, riche d'êtres et de choses qui entendent ne pas disparaître.

Je rêve d'une psychothérapie qui saurait intégrer les familles, les experts, qu'ils proviennnent de la profession "psy" ou d'autres disciplines, les divinités - notamment celles des autres -, les invisibles, les objets thérapeutiques.

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Conseils aux rêveurs

Usager des rêves, mon frère, toi qui n’as pas renoncé à comprendre, toi qui penses utiliser la force de l’envers pour enrichir ton destin, je te confie ici, sous forme condensée, quelques formules qui pourront t’accompagner le jour comme la nuit.

La première question que tu dois te poser est celle de ton rêve. Est-ce que tu rêves ? Régulièrement, toutes les nuits ? As-tu conscience de ce mouvement qui bruisse dans les tréfonds de ton être ? Le rêve est comme la sexualité, une présence permanente qui vient indéfiniment nous rappeler nos attaches instinctuelles.

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Pratiquer l'ethnopsychiatrie

Georges Devereux a toujours affirmé que ce n’était pas lui, mais Louis Mars, un psychiatre haïtien passionné de Vaudou et engagé dans les activités politiques liées à la décolonisation, qui fut à l'origine du mot « ethnopsychiatrie ». Dès les années ‘30’, il scrutait la culture haïtienne recherchant les homologies avec les données psychiatriques, mais aussi les singularités culturelles. Il a écrit sur les zombies, sur le vaudou, sur les rituels thérapeutiques sous forme de transe. Pour lui, il était évident que le peuple haïtien, son peuple, était dépositaire de techniques de soin anciennes et profondes. Reconnaître ces faits, les afficher, s’en faire le porte-parole était à la fois travail de psychiatre et acte politique, sorte de profession de foi : « n’oubliez pas la richesse des pauvres ! »

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