Après avoir fait une typologie des métamorphoses dans l’Antiquité, c’est-à-dire des mutations de forme affectant les humains en autre être humain, animal ou objet, l’auteur étudie l’archéologie et la philosophie des manipulations génétiques, aboutissement d’une idée qui fait son chemin depuis le dix-huitième : l’homme n’est pas un mais un agrégat sur lequel on peut agir intégralement ou par parties.

Mots clés : Métamorphose , mythologie, manipulation génétique, clonage.

La place d’un anthropologue dans un dispositif thérapeutique présente un intérêt véritable pour les psychologues cliniciens, dès lors qu’il vient informer la problématique du patient et le cadre dans lequel les dysfonctionnements sont apparus et sont disposés.
Au travers d’une étude de cas, l’auteur montre de quelle manière ont été construites les propositions de lecture des souffrances d’une quinquagénaire. A partir de la théorie des démons il a été rendu compte du malheur qui la frappait depuis plus de quinze années. En complémentarité du travail des cliniciens, le discours sur les sensations a été éclairé par les descriptions et les modèles spécifiques d ‘intrusion des démons dans la littérature religieuse.  Les attaques subies par la patiente prenaient sens telles qu’elle les décrivait. L’anthropologue devenue en quelque sorte l’avocat du diable pour les cliniciens, démontrait que le ressenti du malheur était pris au sérieux dans toutes ses manifestations et ouvrait la possibilité de contrer les attaques d’êtres identifiés. La patiente était en mesure de reprendre dans le détail et en profondeur, tous les éléments de son existence passée qui auraient pu susciter l’apparition des désordres. Changeant de position, elle peut accepter de combattre, non plus seule mais en lien avec ses thérapeutes et avec les forces acquises au cours d’une vie riche. Dans ce contexte, l’envie, l’avidité de membres de son groupe professionnel trouve une voie d’expression, devient un être qu’il est nécessaire de considérer, et que l’anthropologue connaît.

Mots clefs : Dispositif thérapeutique, méthodologie complémentariste, médiateur culturel, malheur, démons.

A partir de la fréquentation, la description et de l’analyse d’un terrain anthropologique spécifique – la “ Communauté du Christ Ressuscité ”, et suivant en cela la méthodologie ethnopsychiatrique, l’auteur propose une certaine conceptualisation de l’utilisation de la prière chez les charismatiques, comme technique de traitement des désordres et des malheurs, et de la fonctionnalité des groupes de prières charismatiques comme lutte contre la sorcellerie.
 
Mots clefs : Ethnopsychiatrie, Communauté du Christ Ressuscité, prière, groupes de prière, sorcellerie.Pascal Pélapouet.

L'auteur part de son expérience de Président de Centre Médico-Psycho-Pédagogique et propose un débat avec les thèses de Simone Weil sur le poids du déracinement dans le monde moderne. Mais loin de renforcer ces analyses célèbres, il fait valoir que le déracinement peut être l'occasion de voir émerger une nouvelle valeur, le pays, dont il examine, point part point, les propriétés éthiques paradoxales.

Mots clés : migration, éthique, déracinement

Les populations tsiganes opposent parfois aux institutions sédentaires (l'école, la santé, les services sociaux) des attitudes récalcitrantes. L'auteur, au vu de son expérience ethnopsychiatrique avec des patients tsiganes de la région parisienne, propose de prendre au sérieux les revendications spécifiquement tsiganes et de les intégrer dans la technique de prise en charge afin que la psychothérapie puisse se réaliser.

Mots clefs : Tsiganes, sédentaires, résistance, ethnopsychiatrie, psychothérapie, Mulo.

L'élection divine, fait spirituel qui transforme la vie de l'élu, change l‚implication dans la sphère sociale, qui ne vise plus la reconnaissance par les autres mais s'oriente vers le « Visage de Dieu ». Cette libération à l'égard du jugement social a donné lieu, dès le IXe siècle au sein du soufisme, à un mouvement d'un genre particulier, celui des « Malâmati » ou « Gens du blâme ». Il s'agit de voiler tout signe d'élection spirituelle, même s'il faut pour cela attirer volontairement, par ses comportements, la mauvaise opinion d'autrui. Ce mouvement va faire naître dans la culture populaire l'idée de « sainteté cachée » que seul l'œil divin peut scruter. Tout jugement humain peut être considéré comme dérisoire, et les comportements les plus déconcertants ont dès lors droit de cité, au quotidien d'une ville comme Fès par exemple. Le mystère et la sacralité de chaque être humain est ainsi respectée : le saint aimé de Dieu est peut-être le voisin, l'étranger ou le mendiant. Ainsi le droit de la personne est-il sacré au sens littéral, et l'intimité de chaque être est un mystère dont Dieu seul reste juge. Cette philosophie de l'être traditionnelle est à l'opposé de la « société du spectacle » moderne. L'ouverture des sociétés traditionnelles sur le monde requiert des codes d'intégration d'un registre culturel à un autre, respectueux du « terreau culturel » où germe une mentalité.

Mots clefs : Soufisme, sainteté, intégration culturelle, élection divine.

Comment tisse-t-on ses liens avec le monde lorsqu’on est d’une famille juive tunisienne immigrée en France depuis de longues années, quand le père, arrivé en France en 1964, sans rien, a décidé de “ poser ses valises ” ? Peut-on faire l’économie de questionner l’exode ancien, la disparition totale de la communauté d’où venaient les grands-parents – ceux dont on parle encore comme de gens “ pieux ” par opposition aux parents, la disparition sans retour de ce qui rattache aux coutumes respectées de génération en génération ? Le voyage et l’installation en France ont-ils simplement effacé le pays ancien ? A la deuxième génération, que produit cette transplantation ? De quelle sorte d’intégration parle-t-on quand on affirme avec force “ être une vraie Parisienne ” ? De quoi s’agit-t-il lorsque les enfants de troisième génération présentent des troubles de comportement ? Comment se fait-il que la sexualité devienne un objet à penser ? Dans la coexistence de ces différentes problématiques de l’exil Juif se situe l’histoire de Juliette et de ses enfants. Comment prendre dans un réseau de sens cohérent une série d’événements, de rêves, de problématiques que Juliette et sa fille amènent, dans la consultation d’ethnopsychiatrie au Centre Georges-Devereux, comme les éléments d’un tableau lacunaire ?

Mots-clés : Juif tunisien. Couple. Sexualité. Captures. Objets thérapeutiques.

Issue du dispositif thérapeutique ethnopsychiatrique et de sa méthodologie de recherche, la prise en compte de la spécificité culturelle des survivanst et des enfants de survivants de la Shoah – issus de communautés juives disparues – permet d’élaborer de nouvelles pistes pour la prise en charge du traumatisme de la Shoah. L'exemple du surgissement au sein d'un groupe de parole de l’étiologie de la possession par un Dibbouk ouvre des perspectives nouvelles pour penser les soins à offrir à cette population.

Mots clefs : Traumatisme, Survivants de la Shoah, Enfants de survivants de la Shoah, Ethnopsychiatrie, Groupe de parole, Psychothérapie, Ashkenaze, Dibbouk.

En Polynésie française, il existe des désordres culturels ou ethniques spécifiques au groupe hakka avec des données cliniques, phénoménologiques, étiologiques, thérapeutiques différentes des autres cultures, même si parfois les manifestations symptomatiques cliniques et les modèles d’inconduite peuvent apparaître universels. A travers l’étude d’un des désordres ethniques de ce groupe : le hak tao, théorie étiologique de la frayeur chez les Hakka, l’auteur décrit comment ce groupe construit, décrit, explique une entité pathologique, un ensemble de signes cliniques par le moyen de signifiants et de représentations hakka. Il insiste sur le concept d’effraction psychique, d’envol de l’âme : le t’ung ngien tsai et sur les procédures thérapeutiques de réparation des conséquences traumatiques consistant principalement à ramener le t’ung ngien tsai dans son double corporel dévitalisé.

Mots-clés : Hak tao, t’ung ngien tsai, effraction psychique, traumatisme, rituels thérapeutiques.

A partir d’une observation précise de plusieurs consultations psychiatriques avec trois psychiatres et dans des lieux de soins différents, l’auteur s’interroge sur ce qui est actif dans le dispositif proposé au patient. Quelle est la nature des éléments de psychothérapie décelables dans la plupart des consultations ?
Le médicament psychotrope apparaît très clairement comme l’objet actif du dispositif, que la prescription soit plutôt autoritaire ou plutôt consensuelle, imposée comme ayant force de loi ou négociée entre deux experts (le savant, mais aussi le patient qui a une forme de connaissance intime de sa maladie).
Le médicament a donc pour fonction de faire adhérer le symptôme au patient et par conséquent de l’affilier à la psychiatrie.
Quant aux éléments de psychothérapie, ils relèvent d’une technique d’entretien servant d’abord à enrober la prescription : de même que les comprimés sont enrobés d’une pellicule destinée à protéger l’excipient et à neutraliser son goût, la psychothérapie sert ici à présenter le médicament sous son jour le plus favorable.

Mots-clés : médicament psychotrope, prescription, négociation, dispositif, éléments de psychothérapie.

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