dieu-dope
 
Editions Payot-Rivages
Collection Rivages-Thriller et Rivages/Noir

mis à jour le samedi 26 mai, 2012 14:06

Extrait… "... T'entends, 'Eid, elle traite ta mère... - Non, je crois que c'est ta mère qu'elle traite... C'est toi qu'elle regardait... - L'aime pas nos mères, mademoiselle Katz, les aime pas, conclut 'Eid... - L'aime pas not'race, non plus, j'crois... C'est pour ça qu'elle aime pas nos mères... - Ben voilà ! C'est ça ! Vous êtes des graines de racistes. Nous sommes tous pareils, tous les mêmes... Il n'y a pas de race ! renchérit la Katz. - El'dit qu'on est pareils, Gueule-Cassée. Pourquoi è'dit ça ? Tu comprends, toi ? - On n'a pourtant pas la même couleur... - Ni la même langue... - Ni l'même dieu, non plus, ni l'même dieu, hein, Corsaire ? - Alors pourquoi è'dit ça ? Pourquoi ? - Pasqu'è veut nous voler à not'mère, c'est ça ! Moi, j'crois qu'c'est ça ! - Attends, tu sais pas ! P'têt que c'est vrai... P'têt qu'è'veut dev'nir black, mademoiselle Katz, P'têt ? P'têt qu'c'est pour ça qu'è'veut qu'on est tous pareils..."



Dieu-Dope
Roman aux Editions Payot-Rivages,Paris, 1995

4ème de couv… Les enfants de migrants - les Blacks, les Beurs et les Antillais - n'intéressent personne. Pourtant, une puissance les appelle, au moins sous forme de petites pilules de couleur orangée aux étranges effets... Un inspecteur de police communiste dont la carrière traîne un peu, un vulcanologue passionné par la jouissance des femmes et des volcans et le célèbre psychiatre Nessim Taïeb se mêlent à la vie des enfants des rues et de leurs ancêtres.

L'auteur

Tobie Nathan, Psychanalyste, spécialiste d’ethnopsychiatrie, professeur des Universités, mais aussi écrivain de polars. On lui doit Saraka bô, porté à l’écran, Dieu-Dope, 613 et Serial Eater , aux éditions Rivages

 

 

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Critiques…

 

 

"Mais que peut-il y avoir de commun entre le jeune Babacar qui se jette dans le vide, la tête en feu, Arsène et ses faux copains flics, Judith et sa fascination pour les nazis, quelques policiers, des professeurs ou médecins?... La drogue. Tobie Nathan entraîne ses lecteurs dans le monde de la dope, celle qui brûle, celle qui fait mal, qui fait du bien, qui tend sa toile d'araignée. Un drôle de livre que nul ne résume de peur de finir comme Babacar, attiré par le vide infini. Tout plutôt que cette vie-là, entre la fouille, le baston, la mort et le regret d'une enfance qui se passait ailleurs, loin des cités et de cette fichue poudre. Un drôle de livre, vraiment."

Dinah BrandLire, juillet 1995 / août 1995

 
 

Le new deal de Tobie Nathan


Antoine de Gaudemar

Sous couvert de roman policier, le marabout de l'ethno-psychiatrie, Tobie Nathan, stigmatise avec violence l'impuissance et les perversions de la médecine occidentale: «Dieu-Dope». Tobie Nathan, DIEU-DOPE, Rivages / Thriller, 254 pp., 119 F. Tobie Nathan & Isabelle Stengers, MÉDECINS ET SORCIERS, Les empêcheurs de penser en rond, 161 pp., 60 F. Tobie Nathan, PSYCHANALYSE PAÏENNE, Odile Jacob, «Opus», 255 pp., 60 F.

dans Libération du 13 juillet 1995

Par ANTOINE DE GAUDEMAR


Une mystérieuse épidémie de suicides chez des jeunes toxicos de banlieue, tous beurs ou blacks, due à une drogue jusque-là inconnue, «la Donna»; une jeune femme juive obsédée par les camps de la mort bien que née vingt ans après la guerre et qui extermine tous les vieux collabos qu'elle retrouve; des meurtres et des tortures en série; et des séances collectives d'ethnopsychiatrie menées dans un hôpital parisien par le docteur Nessim Taieb, qui, à ses heures perdues, résout pour l'inspecteur Musil, un ancien militant communiste reconverti dans la police, des affaires criminelles apparemment inextricables: deux ans après Saraka Bô, Tobie Nathan récidive avec Dieu-Dope, deuxième polar aussi violent et syncopé que le premier, et dont le thème ¬ l'immigration, la médecine, la guerre et la dérive de nos continents ¬ est pour lui une nouvelle occasion d'affirmer ses convictions de thérapeute à contre-courant de la psychiatrie et de la psychanalyse institutionnelles.


Le docteur Nessim Taieb, le héros, est une sorte d'alter ego romanesque de Tobie Nathan: juif égyptien comme lui et comme lui très influencé par l'extraordinaire brassage culturel et religieux qu'a connu l'Afrique au long des siècles, il consacre son temps et son énergie aux violents traumatismes que crée le déracinement et le mode de vie européen sur les populations migrantes. «Vous autres, Africains, vous êtes rattachés par un élastique», dit-il un jour à un de ses patients. «Plus vous allez loin et plus violemment vous êtes ramenés dans votre monde.» Son travail ¬ il est psychiatre, ce que n'est pas Tobie Nathan, mais comme lui, il dirige une consultation collective avec toutes sortes de thérapeutes, européens et africains ¬ a fait de lui un observateur privilégié, en contact étroit avec de nombreuses communautés en exil, et un révolté permanent contre le comportement, assimilateur au plus mauvais sens du mot, de l'Occident vis-à-vis de ses immigrés.


Au-delà de sa réussite, Dieu-Dope pourrait n'être qu'une énième variation sur l'enfer de la drogue, à propos de laquelle le docteur Nessim Taieb a ce mot: «Tout le monde sait que la drogue est un dieu et que Dieu est une drogue"» Mais le roman noir, dont il maîtrise désormais la technique, ne semble amuser Tobie Nathan que s'il lui permet aussi une critique sociale virulente. Peu de choses en vérité échappent aux foudres de Nessim Taieb. Pas plus les assistantes sociales, qu'il honnit par-dessus tout, que sa propre corporation: «En fait, tout le monde le sait, les psychiatres sont presque tous de petits dealers. Si on réfléchit, ce sont bien les intermédiaires exclusifs des fabricants officiels de drogues. Leur fonction consiste à écouler au détail la plus grande quantité possible de produits à de petits consommateurs dépendants ¬ une clientèle captive, en quelque sorte.» De même, Nessim Taieb renvoie dos à dos psychiatrie traditionnelle et psychanalyse. «La psychiatrie, dit-il, ça ne peut être que la solidarité concrète d'un groupe réel, jamais la sollicitude ridicule d'un cureton défroqué, obscène et menteur comme tous les apostats"» Et plus loin: «Proposer une psychanalyse laïque, athée, rationaliste, centrée sur ce que vous nommez le sujet à l'enfant d'un Mory bambara du Mali dont l'Islam recouvre d'une fine pellicule les trous des fétiches qui protègent depuis des siècles l'intégrité de sa famille, c'est tout simplement un acte de guerre! (") Nous savons la partie serrée: d'un côté le rouleau compresseur d'une pseudo-rationalité primaire ayant la Médecine pour divinité, les laboratoires pharmaceutiques pour intendance, des hordes de médecins fanatiques pour clergé. Et de l'autre, le fleuve incertain et méandreux de la création collective des notions, de l'invention des procédures paradoxales de guérison, aux stratifications infinies, la magie de la fabrication perpétuelle de nouveaux liens" bref: la vie! Entre les deux, nous sommes encore quelques irréductibles, à connaître la créativité vivante des ethnies, à ne pas renoncer à l'interdiction primordiale du meurtre"»


Parfois, Tobie Nathan avance par le biais d'autres personnages des théories tout aussi dérangeantes. A un vulcanologue, intellectuel qu'un idéalisme dévoyé poussera au crime, il fait prophétiser: «Là où s'installe la médecine, les pauvres se multiplient et crèvent de faim, et les esclavagistes prélèvent leur bétail. (") C'est la médecine qui a multiplié leur nombre jusqu'à affamer chacun" Alors, les pauvres ont réagi; ils ont répondu par une arme de même nature; vous la connaissez, celle-là; vous, vous l'appelez drogue. La drogue est la faille d'où vous pouvez apercevoir la guerre: et il s'agit bien d'une guerre des médecines. Notez-le sur vos tablettes; notez-le bien: toutes les drogues du monde riche sont les médecines des pays pauvres! Là où il y a trafic de drogue, vous verrez une guérilla révolutionnaire"»


En même temps que Dieu-Dope, Tobie Nathan publie Médecins et sorciers, un essai écrit en collaboration avec Isabelle Stengers, ainsi qu'une réédition revue et augmentée d'un ouvrage paru en 1988, Psychanalyse païenne. Dans les deux cas, le directeur du centre Georges-Devereux de l'université de Paris-VII, spécialisé dans l'aide psychologique aux familles migrantes, préconise une nouvelle fois une science qui prenne le risque de s'ouvrir aux médecines non occidentales, et salue dans les guérisseurs des sociétés traditionnelles des «confrères», dépositaires de connaissances millénaires aussi précieuses que les siennes. Mais Tobie Nathan semble avoir trouvé dans le polar une autre manière d'affirmer ses thèses, plus affranchie des contraintes universitaires, plus provocatrice que ne le permet un essai scientifique. Au contraire de Tobie Nathan lui-même, très attaqué par ses pairs, Nessim Taieb ne prend pas de gants, tant il profite de l'impunité de la fiction.

A de G.

 

«Vous, les Africains, leur dit Nessim Taïeb, le double romanesque de Tobie Nathan dans "Dieu-Dope", plus vous allez loin et plus violemment vous êtes ramenés dans votre monde. Au fond, vous avez de la chance. Vos dieux ne vous abandonnent jamais.» Laris du Congo, Soninkés du Mali, Peuls, Bambaras, Yorubas, Kabyles...

«De quelle famille venez-vous?», demande Nessim Taïeb à Arsène (Lah’cène), l’un des héros tragiques de «Dieu-Dope». «C’est la première fois qu’on me pose cette question!», répond le garçon, stupéfait.

Il est devenu romancier en 1993. Dans «Saraka Bô» (Rivages) un détective méditatif déjouait les pulsions d’un serial killer. Avec «Dieu-Dope», Tobie Nathan continue l’enquête sur les enfers qui bordent nos cités. Une nouvelle dope qui rend fou circule, présentée dans des comprimés orange, obscènes. Délires, meurtres, accidents se succèdent... «J’aurais dû lui faire avaler ses dents avant de lui faire croquer sa langue», dit un flic qui vient de buter un Arabe. La violence du cinéma intérieur des immigrés est à la démesure de celle qui leur est faite dans notre monde désenchanté.

Le cerveau des personnages explose de l’intérieur, comme dans une BD. On voit tout chez Babacar au moment où il se jette par la fenêtre, tout l’intérieur de son esprit, la gueule des fantômes qui l’obsèdent... Dans cet univers apocalyptique, Nessim Taïeb – comme Tobie Nathan à Saint-Denis – réussit la gageure de créer un espace accueillant, mieux, affectueux! Car il pratique l’hospitalité véritable, qui ne concerne pas seulement la personne, mais tous ceux qui voyagent avec elle, visibles ou invisibles. Alors ils viennent tous à lui, les paumés, les rebelles shootés au désespoir, le Corsaire à «la peau couleur cappuccino touillé», la Juive obsédée par les convois... Et bien sûr, grâce à eux, il résoudra l’énigme de la nouvelle drogue. «Mais non, je ne suis pas sorcier!» Il ne le dirait pas s’il l’était. Les sorciers n’avouent jamais. Mais son sourire malicieux dément ses paroles. Et son djinna n’a pas fini de nous crier dans les oreilles.

Catherine David dans le Nouvel Observateur du 8 juin 1995 : "Les langues sorcières de Tobie Nathan".

 

Paris intra extra muros ,drogue , misere , religion , communiste , coutume , protitution , sexe ,( ethonologie , polar , psychatrie ).....etc, super bien ficelé , j'ai adoré le rythme du livre , c'est aussi mon prefere du sacre tobie nathan que j'ai connu avant tout comme bon psychiatre... il fait partie de mes 10 meilleurs polars a ma connaissance... avez vous un dieu ? si oui etes vous sur de savoir lequels ???

par Tazou (Cayenne)

 

De l'ethnopsychiatrie au roman, il y a eu Saraka bô (même éditeur, 1993). De nouveau l'auteur nous offre un autre récit dur et mûr dont le titre traduit le sujet. -- Services Documentaires Multimédia

SDM
 

Italiano :

Dieu-Dope. Un solo dio, la droga. Di Tobie Nathan. Gruppo Abele, Torino, 1997.

Tobie Nathan, psicanalista francese di origine egiziana, è celebre per le sue teorie e pratiche terapeutiche revoluzionarie nel campo dell'etnopsichiatria. Dieu-Dope è il suo secondo romanzo.

 

 

"Sulle tracce di una droga misteriosa che uccide i ragazzi di colore della banlieue parigina si incontrano un ispettore di polizia comunista dalla carriera incerta, uno psichiatra un po' poeta e un pò stregone, un celebre vulcanologo, la piccola Youde, ossessionata dalle atrocità naziste.

Ma si incontrano soprattutto Babacar, Corsaire, 'Eid e gli altri, figli di un'Africa ricca di uno straordinario bagaglio culturale e religioso, spersi nella periferia della metropoli, in lotta per conciliare due modelli culturali in contrapposizione tra loro.

Una scrittura sincopata, aspra, a tratti violenta, che polverizza i limiti dei generi letterari ed esplora la dura realtà delle periferie, dell'immigrazione, delle droghe, denunciando sofferenze e solitudini."

 

"Thobie Nathan ha trovato nel giallo un altro modo per affermare le sue tesi, più libero delle costrizioni universitarie, più provocatorio di quanto permetta un saggio scientifico."

 

"Popolato da giovani stranieri, con sconfinamenti nel giallo classico, nel saggio di critica sociale, Dieu-Dope ha il ritmo e la struttura di un film. Dal montaggio veloce e dalle frequenti sovrapposizioni di campo."

IL MANIFESTO

 

Un comissario di polizia impegnato a chiarire i suicidi di alcuni giovani di origine africana, una nuova droga sintetica chiamata La Donna, uno psicoterapeuta che si trasforma in stregone, una giovane ragazza ossessionata dalle atrocità naziste, sono alcuni dei personaggi di questo romanzo poliziesco ambientato nei banlieue di Parigi. Ma il libro è soprattutto un viaggio nella vita quotidiana degli adolescenti africani, seconda generazione di immigrati, che si ritrovano a convivere con la violenza ed il narcotraffico. L’autore, psicologo di origine egiziana e residente a Parigi, è attivo nel sostegno psicologico alle famiglie migranti. Grazie alla trama poliziesca mantiene viva l’attenzione del lettore, e approfondisce l’analisi psicologica dei protagonisti. Denuncia la violenza gratuita diffusa negli ambienti marginali frequentati dagli immigrati africani, gli abusi sessuali e il loro contatto con le droghe. Indaga sul forte legame che essi mantengono con la terra, la cultura e la tradizione africana, carica di magia. In un contesto di immigrazione e di emarginazione, questi ragazzi si ritrovano troppo lontani dal loro paese d’origine ma lontani anche dalla società che li ospita. L’unica difesa di fronte a una realtà avversa rimane quella di ritrovare nelle proprie radici la forza di mantenersi uniti. Attraverso questo giallo l’autore propone un modo diverso per fare riflettere sull’esclusione, sull’emarginazione, sul razzismo e sul disagio sociale.

Kd

 

Revue INFOTHEQUE SIDA