Ce texte essaie de montrer que l'ethnopsychiatrie cherche d'abord à reconstituer les modèles de changement proposés par les systèmes thérapeutiques non-occidentaux ; ensuite seulement à réfléchir sur l'impact que peuvent avoir ces modèles sur la psychothérapie telle qu'elle se pratique en Occident. Il propose d'abord un modèle général des thérapies que l'usage a désigné comme "traditionnelles" à partir de trois principes : 1) dédoublement de la scène thérapeutique, 2) focalisation sur des objets texhniques, 3) déplacement de l'intérêt vers des problèmes ontologiques. Ce n'est qu'après ce développement que l'auteur aborde la pratique de l'ethnopsychiatrie telle qu'elle se déroule au Centre Georges Devereux à l'Université de Paris 8. Il en propose une lecture à partir de la traduction, du personnage du diplomate et de la construction de l'état de paix. L'auteur conclut en rappelant que l'ethnopsychiatrie ne peut pas être une psychiatrie spécialisée pour les migrants – la psychiatrie devrait y répondre – pas plus une anthropologie spécifique des thérapies traditionnelles des désordres mentaux – l'anthropologie devrait y répondre. L'ethnopsychiatrie ne présente un intérêt que pour autant qu'elle revient interroger les concepts des deux disciplines-mères.

Mots clés :

Ethnopsychiatrie. Psychothérapie. Changement. Traduction. Diplomatie.