DÉBAT
ACT-UP/TRANSSEXUALITÉ
Question dans la salle sur la formation des psys en université -
Je voudrais aller dans le sens de ce qu’ont dit Mr Martin et Mr Swertvaegher avec un exemple : je suis diplômé depuis peu, donc je vais parler de l’université française de 2003. J’ai des souvenirs de cours de licence en psychologie. Un cours s’intitulant « Introduction au diagnostic en psychologie ». Une enseignante qui commence ce cours en disant : « On ne peut s’appuyer sur le DSM IV car il remet en cause le conflit sexuel refoulé, les homosexuels ayant fait sortir l’homosexualité de la classification en défilant dans la rue ». Cela, c’était en 2003 dans une grande université parisienne ; pas dans les années 70. Ce genre de propos n’a, alors, pas déclenché de débat.
Je me souviens également de mon année de maitrise où il était dit que tous les homosexuels étaient schizophrènes ou des pervers.
Je me souviens encore que l’on parlait des femmes violées comme étant des femmes qui avaient attendu cela expressément, qui avaient attendu le viol.
Conclusion : quand je sors en 2004 de l’université, je m’attends à ce qu’enfin, on puisse faire de la vraie psychologie, de la psychologie qui ne tombe pas en permanence dans du dogme.
Et maintenant, j’ai des patients qui sont passées dans les mains d’autres psy où ils ont été taxés de pervers, de schizophrènes, où on leur a dit : « vous avez été tripotés dans votre enfance mais vous ne vous en souvenez pas ; que c’est pour cela que vous êtes homosexuels ou que vous voulez changer de sexe ».
Mr Martin, votre combat n’est pas uniquement avec les médecins. Il est aussi à l’intérieur des universités.
Réaction : Jérôme Martin…
Je n’ai pas eu le temps d’en parler mais le combat mené par Act-Up mais aussi d’autres associations de transsexuels porte sur les questions de formation. On est intervenu à l’intérieur de colloques organisés à St Anne où notamment parlait Mme Chiland. L’idée n’était pas du tout d’interrompre ce genre de colloque même s’il a dû s’interrompre. L’idée était vraiment de demander à ce que les personnes directement concernées par les thèmes des débats puissent y participer. Ce qui a été refusé et comme les instances ont eu peur ensuite qu’on intervienne dans les autres séminaires de ce colloque, tout a été annulé.
Ce qui permet maintenant à Mme Chiland de dire qu’on a voulu arrêter la formation des spécialistes et futurs spécialistes et que c’est une horreur pour les étudiants. Bien évidemment, ce n’était absolument pas ces intentions qui nous animaient.
Effectivement, il y a ce blocage au niveau des universités et de la formation.
Question d'Isabelle Stengers : "Penser les humains sans la sexualité" -
Je voudrais demander à Jean-Luc Swertvaegher de nous en dire un peu plus sur sa dernière phrase elliptique de ce que le travail avec les transsexuels lui avait appris…. à penser les humains sans la sexualité…
Réaction de Jean-Luc Swertvaegher…
Avec une personne en cours de transformation, le psy est, dès le premier contact, mis au pied du mur : il ne peut continuer de penser, comme il en a l’habitude, la personne qu’il a en face de lui en référence à son assignation de genre. Face à un candidat transsexuel, par exemple M to F, qui en est à un stade de transformation tel qu’on voit encore un homme en face de soi, on est obligé, en tant que psy, de traquer, à l’intérieur de soi, ses propres habitudes de penser les humains, ses automatismes qui conduisent à identifier les personnes, à les accueillir, à s’adresser à eux en faisant fonctionner la différence des sexes sinon il n’y a pas d’alliance thérapeutique possible. Car ne pas faire ce mouvement, pour un psy, conduit immédiatement le candidat transsexuel à dénoncer, chez le psy, le fait qu’il va automatiquement se faire le vecteur de toutes les pensées théoriques qui ont pour effet de distordre toute compréhension de sa revendication à changer de genre.
Quand, en tant que psy, on s’oblige à déloger à l’intérieur de soi, ces habitudes de penser les humains fondées sur la sexualité, sur la différence de sexes, alors c’est une libération considérable : on ne cherche plus à penser l’autre, ce à quoi il tend, à partir d’éléments de son passé. De toutes façons, les trans ont appris, et ils ont eu intérêt à le faire, à se construire un récit tout fait dans ce domaine (ils disent tous avoir des souvenirs de s’être sentis trans depuis tout petit». On cherche à penser par-devant : ce qui fige la personne et qui empêche son mouvement, comment elle s’est accrochée aux institutions médicales, comment elle a négocié les propositions des professionnels qui, seules, peuvent lui procurer l’accès aux transformations qui lui permettront de se réaliser, de se sentir enfin vivante.
Pour moi, en tant que psy, ce fut une révélation de me retrouver contraint à regarder les choses comme cela ; à être obligé de nettoyer mes habitudes de pensées pour travailler.
Question de Philippe Pignarre : Les opérations chirurgicales décrétées par les médecins sur les bébés au sexe indéterminé
J’ai une question pour tous les deux : Jérôme Martin et Jean-Luc Swertvaegher. Une question dont je me demande si elle surgit en France, alors qu’elle a surgi aux US : Dans les groupes avec lesquels vous êtes liés, avez-vous surgir la question qui est liée aussi à la différence sexuelle, celle qui renvoie aux opérations faites sur les bébés à la naissance, ces bébés dont le sexe n’est pas évident ?
On sait qu’entre le sexe masculin et féminin, il y a un continuum et il y a 2 à3% de bébés qui naissent sans qu’on soit capable de manière spontanée de les assigner au genre masculin ou féminin… alors qu’il existe une obligation légale de le faire. Ce qui a fait qu’on disait (on le dit et on le fait toujours ?) aux familles : « Il y a un petit problème mais ça va être réglé »… Et on faisait des filles car c’est plus facile de faire des filles que faire des garçons.
Aux US, une association s’est créée pour réclamer l’arrêt des opérations chirurgicales et celle-ci milite pour qu’on laisse ces bébés mener leur existence propre sans en passer par une mutilation extrêmement violente, brutale, une ordalie ordonnée par les médecins et les accoucheurs[3]. Il y a comme cela un mouvement de protestation très fort aux US. En France, qu’en est-il ?
Réaction de Jean-Luc Swertvaegher…
Ce que tu évoques me permet de parler d’un personnage important qui n’a pas été mentionné dans l’histoire que j’ai racontée : il s’agit de John Money. C’est lui qui prônait le droit, pour les médecins, d’intervenir chirurgicalement et sans se soucier d’en informer les parents, sur les bébés dont l’assignation au genre était rendue problématique du fait, bien souvent, d’un clitoris proéminent.
Les associations que tu évoques sont le résultat de combats menés par certains de ces bébés, aujourd’hui adultes, qui, à la suite d’un travail thérapeutique, ont recherché, dans leur passé, tous les événements marquants pouvant avoir été déclencheurs de traumatismes, de souffrances, etc. Ces gens ont alors découvert ce que les médecins leur avait fait à la naissance et ils se sont retournés contre Money en lui demandant des comptes.
En France, je n’ai pas connaissance de l’existence de telles associations. Ce dont j’ai été témoin, ailleurs, c’est que les colloques trans rassemblent les associations d’intersexués, les transgenres, les transsexuels.
Réaction de Jérôme Martin… Je n’ai pas connaissance, non plus, que de telles associations existent en France. En revanche, cette histoire, je la connais parce que je suis obligé, par le procès que nous intente Colette Chiland, de lire tous ses ouvrages et elle parle de cela dans ses livres.
Au niveau associatif, je n’ai pas vu de croisements de combats entre de telles associations et les transsexuels.
Par rapport au rôle d’Act-Up, je pense que le fait d’arriver avec l’urgence liée au Sida a fonctionné comme un catalyseur, comme pour beaucoup d’autres luttes (les sans papiers, par exemple). Les questions trans, on se les était posées dans les années 90 à Act-Up mais on ne les avait pas suivies. Ce qui a déclenché notre investissement, c’est que beaucoup de personnes trans sont venues en disant : « vous êtes Act-Up et regardez : il n’y a qu’une étude aux Etats-Unis qui traite de la prévalence du Sida chez les trans. Une autre au Portugal pour la situation européenne. Or, ces données, même si elles sont réduites, montrent des choses terribles. Les résultats sont monstrueux. Que fait-on maintenant ? On est vraiment dans la même situation que celle des homosexuels dans les années 80 : une situation d’invisibilité totale de l’épidémie ».
C’est cela qui a déclenché la présence d’Act-Up dans les manifestations de la coordination ExisTrans [4].
Le rôle d’Act-Up a été de potentialiser une synergie. Je crois que les questions d’urgence, comme le sont très souvent les questions liées au sida, permettent des corrélations entre des combats qui n’ont pas, au départ, grand-chose à voir entre eux. Et je crois que le mouvement Trans était à un moment de son histoire et de son évolution où il avait besoin de coordonner ses luttes avec d’autres mouvements.
Alors, bien sûr, cela pose des problèmes : c’est souvent difficile de travailler ensemble, de fédérer les combats : entre les personnes qui mettent en avant la question de l’opération elle-même, celles qui mettent en avant le fait qu’il faudrait faire reconnaître un statut aux trans avant même toute opération, celles encore qui abordent la question trans par l’angle de la prostitution en disant qu’il ne faut pas, justement parler de prostitution car c’est stigmatisant et les existences trans ne se résument pas à cela, celles enfin qui prennent les choses à partir de la question des prise d’hormones et de la revendication d’une identité inassignable à quoi que ce soit de type transgenre, etc.
Cela fait beaucoup de courants divers qu’il faut réussir à fédérer. Ce n’est pas simple mais c’est le lot de tout combat minoritaire.
Question de Nathalie Zajde : Penser les humains sans la sexualité (suite)
Juste une interrogation par rapport à l’intervention de Jean-Luc Swertvaegher. Isabelle Stengers a posé une question et je la prolonge car cette affaire est trop excitante.
Je me souviens d’une notion que Tobie Nathan avait lancée et qui nous a beaucoup intéressés, au centre Devereux. C’est la notion de « propriétaire ». Et là, on nous parle d’un être nouveau qu’il convient de penser sans le sexe, sans la sexualité. Cet être qui serait accroché dans un monde hyper vivant, a-t-il un ou des propriétaires ? Si je formule autrement ma question, y a-t-il des personnes qui sont foncièrement intéressés à l’existence de ces êtres ?
Question Viviane Romana : Penser les humains sans la sexualité (suite)
Je poursuis aussitôt la question de Nathalie : Si on ne peut, en tant que psy, s’appuyer sur cette théorie de la sexualité, alors comment et avec quoi travaille-t-on ?
Ce qui me trouble, ce sont les gens dont on a parlé. Comment on accompagne quelqu’un qui s’auto-engendre ?
Et si c’est à partir de la question des attachements qu’un psy peut travailler avec ces personnes, ce sont quels attachements ?
Question de Patrick Deshayes : Penser les humains sans la sexualité (suite) Dans la foulée, je voudrais rajouter une histoire. Peut-être que cela éclaircira le débat ou alors cela va l’assombrir définitivement…
Moi, je ne suis pas psy. Je suis ethnologue et je travaille en Amazonie, depuis maintenant 15 ans. Et je me suis souvent posé la question : comment pensent-ils ce que, chez nous, nos nommons « transsexualisme, transsexualité » ?
Ce dont je peux témoigner, c’est que là-bas, d’emblée, à la naissance, il ya disons, plutôt des filles et plutôt des garçons. Jusque là, rien de très différent d’ici, à première vue.
Mais il y a, ensuite, quelque chose qui est ce moment de l’initiation. Et là, on va réorganiser et fixer le monde des hommes et celui des femmes. On voit ainsi des plutôt garçons qui sont récalcitrants à la chasse – ils n’y arrivent pas, ils se montrent incapables de tirer un animal – mais, en revanche, qui sont attirés par d’autres choses, d’autres types d’activité. Et c’est à ce moment-là que ces personnes vont en fait dire : « Eh bien non, moi, en réalité, je suis une fille ». Et cette personne va aller rejoindre le monde des femmes dont les espaces, les pratiques, dans ces sociétés-là, sont extrêmement différenciés de ceux des hommes. En somme, c’est comme si ce plutôt garçon est une fille : on ne l’avait pas bien vu, c’est tout. Le problème était sur son corps, pas dans sa tête.
Bien sûr, les exemples dans le sens inverse existent tout autant.
Question suivante : Penser les humains sans la sexualité (suite)
Moi aussi, je me suis posé la question des propriétaires. J’ai beaucoup travaillé au Mali et si je prends les choses du point de vue avec lequel je travaille là-bas, le sexe n’est pas quelque chose qui « est », qui se pose, au début.
Il y a une prévalence Homme ou Femme mais elle se construit et se précise au fur et à mesure.
Je connais, par exemple, des amies qui sont des femmes avec des enfants mais qui ont aussi une vie de chasseur, qui ont en soi une vie en rapport avec le monde de la chasse, ce qui, normalement, est complètement interdit aux femmes.
Et les propriétaires, dans ce cas-là, c’est aussi l’ancêtre qui était de son vivant un homme, un grand chasseur et auquel on dira que la femme lui appartient. Cela n’a rien à voir avec le fait que cette femme peut avoir un mari et des enfants : elle a un ancêtre qui la tient.
Probablement, cela oblige à penser qu’on peut avoir plusieurs propriétaires et plusieurs composants en soi. Chez les Dogons, il y a 8 ancêtres qui sont en toi, certains d’entre eux pouvant être des femmes et d’autres, des hommes.
Réaction de Tobie Nathan : Penser les humains sans la sexualité (suite)
Je suis un peu perplexe car j’ai du mal à comprendre non pas ce qui a été dit sur la transsexualité mais les questions qui ont été ensuite posées.
Car ces questions, elles me semblent foncièrement caduques, par avance. Puisqu’elles présupposent que l’on continue à penser les humains en prenant en considération la sexualité, la différence des sexes.
L’intervention de Jean-Luc Swertvaegher se termine par cet énoncé, qui annonce, en fait : qu’on vient d’entrer dans un monde dont les transsexuels sont les précurseurs ; un monde où la différence des sexes n’est pas significative pour raconter l’histoire des personnes.
Je trouve que ce monde qui s’appuie sur la médecine, dans lequel les transsexuels sont des sortes d’avant-gardes de la médecine, des éclaireurs de la médecine et de ses capacités performatives, est un monde extraordinaire.
Il est rutilant, il brille, et c’est vrai que nous l’avons vu surgir quand, au centre Georges Devereux, nous avons travaillé sur la question de la transsexualité.
Ce monde-là on l’avait déjà vu poindre dans les lieux de science-fiction, dans la mythologie aussi. Mais là, on le voit arriver dans la vie réelle au travers de pointes avancées que l’on nomme « phénomène transsexuel, transgenre, etc. ».
Je ne sais pas si ce monde a besoin de psy. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’a plus besoin de la différence des sexes pour penser les êtres qui le peuplent.
Ce monde qui rend notre monde habituel complètement caduc, c’est un monde articulé, qu’on ne peut absolument penser comme un monde auto-fécondé mais bien comme un monde où l’un des acteurs est la médecine et l’autre, ces personnages qui circulent autour de la médecine.
Ce monde-là est en train de naître. Il est en train de poindre. Il est déjà là. Les éclaireurs avancés sont les transsexuels et les annonceurs de ce monde sont des gens comme les cliniciens-chercheurs du groupe dont Jean-Luc Swertvaegher s’est fait le porte-parole et qui, grâce à leurs outils de l’ethnopsy, ont pu en décrire, esquisser les lignes de force mais aussi des gens comme Jérôme Martin et Act-Up Paris. Ces gens-là en sont, en fait, des reporters ; des reporters d’un monde radicalement autre mais déjà là, déjà présent.
Réaction : Jérôme Martin…
Je ne crois pas, quant à moi, que les questions qui étaient posées étaient caduques. Je suis incapable de répondre en tant que praticien puisque je suis enseignant de français et activiste dans une association de lutte contre le Sida mais j’aime beaucoup poser la question de la légitimité des discours psy quand ils s’étendent au-delà de leur domaine initial. Pour ce qui concerne les trans, la question de la légitimité et celle de l’efficacité se posent vraiment. Qui sont ces gens qui ont le pouvoir de dire ce que c’est qu’un homme, une femme alors que les bio-éthiciens ne l’ont pas défini ? Qui sont ces gens qui peuvent définir comme pathologique le fait de pouvoir se poser des questions sur le sexe et le genre auxquels on a été assigné ?
Moi aussi, je me suis posé des questions sur le fait qu’on me donnait des voitures de soldats et non des aiguilles à tricoter. Derrière ce combat des trans, il y a aussi toute une série de remises en question de ce qu’est l’assignation au genre. Evidemment, dans le cas des trans, cela va beaucoup plus loin que simplement des questions de catalogues de jouets : c’est toute la construction sociale des personnes qui est en question.
Pourquoi on rabat cela en tant que problème mental, si ce n’est parce qu’on a décidé de faire ainsi depuis très longtemps et parce qu’on laisse à une catégorie de professionnels le soin de s’approprier cette question sans qu’il ne puisse y avoir aucun débat possible, sans qu’il y ait place pour une légitimité d’un autre contre-discours.
A Act-Up Paris, on n’est pas à demander des règlements de comptes sanglants en public mais simplement à exiger que vouloir changer de genre ou dire qu’on ne se sent pas bien dans le genre dans lequel on est né soit reçu et traité comme une question parfaitement légitime.
Cela n’empêche pas que cette question devra être traitée dans un parcours qui requiert l’aide de psys : dans note volonté de dé-psychiatrisation, il ne faut pas y voir une volonté de dé-médicalisation : les personnes concernées ont besoin d’un suivi médical et pas uniquement un suivi de psy. C’est la question du pouvoir des psys et de la remise en cause de ses dérives qui nous anime car je crois que la psy est une branche des sciences sociales qui est très réceptive aux dérives de ses effets de pouvoirs.Notes [1]. Ex-président d’Act-Up Paris.
Act-Up Paris : http://www.actupparis.org/.
Jérôme Martin : jeromemartin@samizdat.net[2]. Psychologue clinicien au Centre Georges Devereux, Université Paris 8. www.ethnopsychiatrie.net.
[3]. Voir sites traitant de “ Medical Abuse of Intersex Children and Child Sexual Abuse”: http://www.isna.org/ ; http://www.intersexinitiative.org/ Ainsi que l’histoire du cas paradigmatique: http://www.cbc.ca/news/background/reimer/
[4].http://existrans.free.fr/
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