Guérir de la Shoah

Psychothérapie des survivants et de leurs enfants

par Nathalie Zajde

 


Nathalie Zajde, Maître de Conférences en psychologie à l’Université de Paris 8, responsable de recherche au Centre Universitaire Georges-Devereux. Elle a créé, il y a une quinzaine d’années, les premiers groupes de parole de survivants et d’enfants de victimes de la Shoah en France. Elle avait publié en 1993, un premier ouvrage « souffle sur tous ces morts et qu’ils vivent » — réédité en 1995 et en 2005 chez Odile Jacob- sous le titre « Enfant de survivants » — dans lequel elle dressait le portrait fidèle de la génération des survivants et des enfants de survivants. Aujourd’hui, elle publie le résultat de 15 années de recherche et de travail psychothérapique avec cette population.

     
 

« Guérir de la Shoah » rend compte de 15 ans de travail clinique avec les survivants et descendants de victimes de la Shoah. Il propose des modalités claires et efficaces de prise en charge des survivants et de leur famille. Il pourrait s’intituler « Prise en charge des survivants et de leurs descendants : de la Malédiction à la Divination » mais elle l’a appelé « Guérir de la Shoah » car Nathalie Zajde propose de réelles voies de guérison d’un traumatisme qui a, jusqu’à présent, été pensé comme insurmontable.

L’approche de Nathalie Zajde est originale et efficace: au lieu d’aborder les survivants et leurs descendants en tant que victimes plus ou moins isolées d’un traumatisme impensable et indépassable, elle les invite à se penser sujets de l’Histoire, membres de collectifs, attachés à des groupes culturels, sociaux, politiques, religieux, linguistiques, objets d’enjeux, témoins modernes d’un événement qui a constitué le paradigme a partir duquel on a pensé les guerres et génocides du 20ème siècle. Ce faisant, elle situe les survivants et enfants de survivants dans un univers multiple, complexe, dont la diversité sociale et culturelle offre des perspectives de résolution pour les problèmes spécifiques qu’ils rencontrent. Elle s’interroge avec eux, sur leur passé, celui de leur famille, mais aussi sur le présent et l’avenir. Les survivants et descendants de survivants veulent savoir si leur existence est légitime, s’ils font pleinement partie du monde ; si leurs souffrances sont semblables à celles de victimes d’autres massacres. Ils sont personnellement intéressés à savoir comment d’autres endeuillés vivent leur deuil, comment ils continuent malgré tout à honorer leur dieux, comment ils retrouvent une place visible et influente dans leur société.

Ni oublier, ni être emprisonné. Nathalie Zajde propose une troisième voie : être survivant ou descendants de survivant et malgré tout posséder une existence pleinement légitime dans la modernité et la complexité de la société contemporaine. Pour ce faire, Nathalie Zajde mêle à la technique des groupes de parole la méthodologie ethnopsychiatrique. Elle considère avec sérieux les questions que se posent les sujets et y répond de manière spécifique et concrète. Comment vivre demain avec la Shoah ? Que deviennent les millions de morts non enterrés ? Quel avenir pour le yiddishkeit ? Comment peut-on être descendant de survivant, intellectuel de gauche, scientifique au 21ème siècle face à la destruction des communautés et à l’existence de l’État d’Israël ? Comment être juif aujourd’hui ? Faut-il se convertir ?

L’on constate que les groupes de parole de survivants et d’enfants de survivants de la Shoah opèrent une dé-subjectivation et une dé-psychologisation des souffrances liées à la Shoah, permettant aux survivants et à leur descendants de poser les bases d’une redéfinition de leur existence pour demain. Trouvant ensemble des solutions pour l’avenir, ils reprennent une existence dans le monde moderne tout en conservant leur identité. Les survivants de la Shoah et leurs descendants ne sont plus seuls au monde.


Paris, Odile Jacob,
20 octobre 2005

Le 20 février 2006 à 19h15 à l'Institut Universitaire d'études juives Elie Wiesel, 119 rue Lafayette 75010 Paris, Nathalie Zajde donne un cours/conférence sur la psychologie et psychothérapie de la Shoah. 
se renseigner au 01 53 20 52 61


Nathalie Zajde

 

L’ouvrage contient trois parties:

1. Une présentation de la Shoah telle qu’elle a été et est toujours appréhendée dans notre société, avec une réflexion critique sur la manière dont l’Occident à « accueilli » les survivants au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. On y lira des propositions tout à fait novatrices et essentielles concernant le concept de traumatisme psychique et l’état de stress post-traumatique.

2. Une présentation détaillée des groupes de parole et des consultations pour survivants et leurs descendants du Centre Georges-Devereux ainsi qu’une analyse du fonctionnement des dispositifs. Cette partie est grandement étayée par de nombreux exemples cliniques et techniques ainsi que par des récits de vie émouvants et éloquents

3. Enfin, une revue critique de la littérature psychologique et psychanalytiques de référence - essentiellement de langue anglaise - sur les survivants et les descendants de survivants de la Shoah.
Ce livre permet de rentrer dans l’intimité des survivants et des descendants de survivants de la Shoah, il aide à comprendre ce qu’est un traumatisme de masse, enfin, il propose de véritables solutions thérapeutiques pour ceux qui ont subi dans leur chair l’un des plus grand drame du 20ème siècle.

 

Entretien avec Victor Malka : le 26 mars 2006, Maison d'étude —   Nathalie Zajde y parle de son dernier livre : Guérir de la Shoah

Mardi 7 février 2006 à midi cinq, 12h05, sur fréquence protestante, le Pasteur Jacques Fischer reçoit dans son émission quotidienne Nathalie Zajde pour parler de ses livres: Enfants de survivants et Guérir de la Shoah. On y parle d'ethnopsychiatrie et de la Shoah. 
Fréquence protestante : 100.7 FM

 
sur le site du Fonds Social Juif Unifié (FSJU)…

Enfants de survivants
Auteur : Nathalie Zajde
Editeur :Editions Odile Jacob
Prix :19,90 €
218 Pages

Le syndrome du survivant

Avec la Shoah, les Juifs ont vécu un événement traumatique unique par son ampleur. Sur les neuf millions vivant en Europe avant la guerre, six millions de Juifs ont été exterminés. Pour les survivants encore en vie, le traumatisme, 60 ans après, continue d’être très grand. Analysé et décrypté comme syndrome, il correspond au traumatisme lié à l'effondrement du cadre de vie habituel, car les survivants ont vu leur environnement, après la guerre, se modifier radicalement du jour au lendemain. Leur univers coutumier s'est soudain révélé incertain, inquiétant, dangereux. Ils ont vu leur pays, leur ville, leur famille, leur culture, changer totalement et en profondeur. Leur vie a été infiltrée d'un sentiment permanent de menace, et cela durant plusieurs années. Ils ont vu disparaître leurs proches. Ils sont passés par des temps de rupture. Ce syndrome touche aussi à des degrés divers les descendants des survivants. Se sentant souvent exclus du «vécu» de leurs parents, à cause de l’indicible, difficile à transmettre, ils vivent ce silence comme s’ils se sentaient exclus de leur « groupe d’origine. » Ils ont alors besoin de se réapproprier leur histoire familiale. Cette mission est d’ailleurs très bien décrite dans le film de Liev Schreiber « Tout est illuminé »...

Leur réaction est aussi diverse, comme le rejet de leur filiation juive qui leur devient insupportable.

  Dans Libération du 27 janvier 2006…
 
Un compte rendu dans le Jerusalem Post du 17 octobre 2005 au 1er novembre 2005
     
   
 
 
 
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