Georges
Devereux
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Qu'est-ce que le Centre Georges Devereux ? | ||
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Présentation |
Annick Doledec |
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La clinique | ||
Le Centre Georges Devereux a
débuté ses activités le 1er janvier 1993.
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Le Centre Universitaire d'Aide Psychologique aux familles migrantes est: une unité universitaire de clinique psychologique. Emanation de l'UFR Psychologie, Pratiques cliniques et sociales de l’Université de Paris VIII, ce centre est la première unité universitaire de clinique psychologique en France.Il s'est structuré autour de quatre grands objectifs : l'innovation technique en psychologie clinique, la création d'une véritable dynamique de recherche, la constitution d'une unité d'enseignement clinique en Psychologie et l'organisation d'un pôle de formation. 1. La psychologie clinique En France, la recherche universitaire en Psychologie Clinique souffre, en règle générale, d'un grave déficit du fait:
De telles structures permettent en effet de réunir en un même lieu – et donc d'entraîner dans une même dynamique de pensée – enseignants, chercheurs, doctorants et étudiants.L'UFR Psychologie, Pratiques cliniques et sociales de l'Université de Paris VIII a entrepris;
Le dispositif clinique Une séance d'ethnopsychiatrie se
déroule de la manière suivante : autour d'une famille, conduite au
Centre Georges Devereux par l'un de ses référents institutionnels
(assistante sociale, psychologue, médecin), se réunissent une
dizaine de professionnels (en général psychologues cliniciens,
mais aussi, médecins, psychiatres, anthropologues, linguistes).
Parmi ces professionnels, au moins l'un d'entre eux parle la
langue maternelle de la famille et connaît, pour les avoir plus
particulièrement étudiées, les habitudes thérapeutiques ayant
cours dans l'environnement habituel de la famille. Les autres,
souvent spécialistes d'autres régions, sont tout de même
sensibilisés à l'importance des traditions thérapeutiques locales.
Le référent qui a conduit la famille parle d'abord, explique ce
qu'il attend de cette consultation, expose ce qui, à son sens,
constitue les difficultés, les souffrances — bref, la
problématique de la famille. Particulièrement intéressés par les
phénomènes de traduction, nous favorisons l'expression dans la
langue maternelle. La multitude d'intervenants permet l'expression
d'une multiplicité d'interprétations du désordre. Une séance
d'ethnopsychiatrie peut durer trois heures ou même davantage ; il
est rare qu'elle dure moins de deux heures.Là, les familles
migrantes sont reçues gratuitement, deux à trois heures durant ;
dix professionnels diplômés s’occupent activement des problèmes
d’une même famille. Les conséquences cliniques d'un tel dispositif
sont de briser la répartition habituelle des expertises qui sont
en règle générale : au patient la connaissance du développement
singulier de son mal, au thérapeute celle de la maladie et des
traitements. Dans une séance d'ethnopsychiatrie, nous voyons se
multiplier les statuts d'experts — expert clinique, certes, mais
aussi expert de la langue, expert des coutumes, expert des
systèmes thérapeutiques locaux de la région du patient, expert des
systèmes thérapeutiques d'autres régions, expert de la souffrance
singulière. Voyant se déployer une multitude d'interprétations de
leur mal, ce sont les patients qui développeront tel ou tel aspect
en rebondissant sur l'une ou l'autre des propositions. De plus,
nous cherchons à démonter (à déconstruire) avec le patient les
théories qui ont toujours été à l'origine des propositions
thérapeutiques qui lui ont été proposées par le passé. Lorsque
nous parvenons à organiser la séance selon nos principes de
travail, le patient perd d'un coup, et réellement, sa position
d'objet, d'être sans consistance qu'il faut traverser jusqu'à
apercevoir les éléments qui nous intéressent en lui. Plus question
de lui attribuer une nature par un diagnostic puis
" d'interpréter " son fonctionnement à partir d'une
théorie. Il est de fait partenaire obligé, indispensable alter
ego d'une recherche entreprise en commun. L'ethnopsychiatrie
a pris l'habitude de repenser avec le patient tant sa souffrance
singulière — ce que font habituellement, chacune à sa manière, les
thérapies par la parole — que les théories qui ont contenu cette
souffrance, qui l'ont, d'après nous, construite, élaborée.
Généraliser la logique de l'ethnopsychiatrie à tout patient,
quelle que soit son origine, amènerait à ne jamais hésiter à le
penser " construit " comme " cas " ; à
postuler, surtout, que cette fabrication le concerne et
l'intéresse — en un mot : que le patient est l'interlocuteur
privilégié de ce que la théorie du clinicien pense de lui.Nous
pensons surtout que cette façon de pratiquer est non seulement
plus efficace — et par ailleurs plus conforme aux principes
démocratiques — mais surtout qu'elle transforme le patient en être
potentiellement récalcitrant, permettant peut-être de
donner naissance à ceux qui pourront réfuter les discours des
thérapeutes.Exemple : après avoir soigné avec succès un enfant
zaïrois de 8 ans qui prétendait lui-même être un " sorcier
cannibale ", ses parents nous ont accusés ainsi : " pour
l'instant, vous avez permis qu'il ne parle plus de sorcellerie.
Mais nous, nous sommes encore plus inquiets qu'avant. Peut-être
votre travail lui a-t-il permis de dissimuler ses activités
sorcières. Serez-vous encore là lorsqu'à 18 ans, il se mettra à
nous ensorceler sans que l'on s'en rende même compte. Chez nous,
le guérisseur lui aurait définitivement fait vomir sa
sorcellerie… " Les parents nous comparaient, par conséquent,
aux praticiens auxquels ils auraient sans doute soumis les
difficultés de l'enfant s'ils étaient restés au Zaïre. Plus même,
ils évaluaient les conséquences pour eux, à plus ou moins long
terme, de leur inclusion dans les réseaux thérapeutiques français.
Cette possibilité de comparer, d'évaluer, de choisir, offerte
ainsi aux patients migrants provient du fait qu'étant membres d'un
collectif perceptible (la communauté zaïroise en France), ils en
connaissent les représentants pour ainsi dire
" naturels " (leurs guérisseurs).L'ethnopsychiatrie,
riche de son expérience avec les patients migrants, a
progressivement mis au point une autre construction de la scène
psychothérapique, plus éloignée du confessionnal catholique et
tendant de plus en plus à ressembler à un parlement — mais
un parlement où les intérêts des hommes ne seraient pas seuls
représentés ; un parlement dans lequel on défendrait aussi les
intérêts des " choses " ; également les intérêts
des dieux. Il me semble par conséquent que l'ethnopsychiatrie qui
se pratique au Centre Georges Devereux n'a pas seulement des
ambitions scientifiques, elle a aussi la prétention de proposer un
espace psychothérapique contradictoire, pluri-référencé. De ce
point de vue, elle constitue également une expérience politique
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La création d'une véritable dynamique de recherche en psychologie clinique Considérant
que les recherches en psychologie clinique s'appuient souvent
sur des bases logiques difficiles à soutenir du fait que les
cliniciens sont eux-mêmes affiliés à la théorie censée rendre
compte du processus qu'ils mettent en œuvre, les cliniciens et
universitaires du centre ont tenté d'apporter de nouvelles
propositions théoriques et techniques.Ils ont proposé de
partir : |
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Le service des médiateurs ethnocliniciens
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